L’artiste américain Juan Fontanive, qui travaille dans la banlieue de New York, s’est intéressé à l’image animée et à tous les mécanismes de l’animation durant ses études au Royal College of Art à Londres. Il s’est, m’a t-il précisé, inspiré des horloges digitales inventées dans les années 1960 (
http://en.wikipedia.org/wiki/Split-flap_display), du travail du designer Michael Daniel avec sa « Flip Clock » (
http://www.michaeldanielmetal.com/objects_01.html), mais aussi de celui de Gregory Barsamian avec son Feral Fount (
http://www.youtube.com/watch?v=9s86pJ0MPRs).
En 2005 et 2006, il a réalisé ce qu’il a appelé ses premières « Flip book machines », des feuilleteurs électriques en bois puis en métal, à partir notamment de pièces récupérées de bicyclettes puis de vieilles horloges. Regardez sur son site internet :
http://juanfontanive.com/, les œuvres appelées « Transference », « Mr Friendly », « Askew » et « The Lake ». Sa première exposition personnelle s’est tenue à la Riflemaker Gallery à Londres en 2006.
Ce principe de l’image animée en deux parties avait déjà été utilisé notamment pour des jouets ou des décorations de Noël. J’en ai trois dans ma collection mais il y en a probablement d’autres : cette petite télévision dans laquelle on actionne les images l’une après l’autre en appuyant sur le bouton du dessus a été réalisée dans les années 1970 ou 1980 par la firme Illco Toy (rachetée en 1992 par Tyco Toys elle-même reprise par Mattel en 1997). Les deux autres ont été commercialisés par Hallmark Keepsake en 1984 et 2009 ; ce sont des ornements de Noël dont le premier, la boule, s’actionne avec un bouton au-dessus et l’autre, qui est un produit dérivé de Disney, est ce Mickey dont les pages s’animent en tournant la manivelle.
J’ai aussi sur le même principe ce calendrier sur lequel la photographe Wiebke K. Foelsch a, en 2007, collé une photo sur chaque demi-page ; en faisant défiler les pages rapidement on voit l’animation mais elle n’utilise pas les deux parties de la page pour garder intact le calendrier.
Perfectionnant sa technique pour trouver le meilleur moteur, obtenir la bonne vitesse (environ 12 images par seconde) et le meilleur papier pour que l’animation soit la plus fluide possible, Juan Fontanive a créé ensuite « Quiknesse » en 2009, « Liveliness » en 2010, « Colibri » et « Violetear » en 2011 et enfin « Ornithology » en 2013, tous basés sur le même principe avec des oiseaux comme illustrations.
Quant on voit le FlipbooKit fabriqué en 2012 (dont j’ai parlé ici le 17 février), on est frappé de la ressemblance avec le concept de Juan Fontanive, non seulement dans le principe mais aussi dans la réalisation. L’inspiration apparaît d’autant plus évidente lorsque l’on voit que ses concepteurs, Wendy Marvel et Mark Arnon Rosen, ont sorti leurs premières machines sous le nom de « Birdhouse Kinetic Sculpture » en mars 2011 (
http://xraydreams.com/?paged=10) déclinées en « Mechanicals flip books » qui ont donné le FlipbooKit (
http://flipbookit.bigcartel.com/product/flipbookit) l’an dernier.
Juan Fontanive m’a fait découvrir ses travaux il y a quelques mois et j’ai la chance qu’il ait voulu qu’une de ses « flip books machines » entre dans ma collection de feuilleteurs avec l’une des deux épreuves d’artiste d’ « Ornithology » réalisé à 12 exemplaires. C’est un très beau travail car il réalise lui-même entièrement ses machines et que les 72 images sont entièrement découpées et collées à la main ce qui fait de chaque exemplaire un exemplaire différent et unique.