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Le Blog de Pascal Fouché flipbook.info
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Un blog sur le flip book

   Afin de partager mes découvertes concernant cet objet méconnu qu'est le flip book, je vous propose de commenter ici régulièrement ce que je peux trouver de nouveau en matière d'histoire du flip book et des feuilleteurs et aussi de vous présenter mes dernières trouvailles. N'hésitez pas à réagir (en français ou en anglais) et à me faire part de vos propres réflexions ou des nouveautés dont je n'ai pas encore connaissance. Ainsi pourrons-nous faire progresser notre connaissance de cet univers.

Pascal Fouché

8 décembre 2013 à 23:11:46

Deux flip books de Léon Beaulieu en vidéo

Après les flip books présumés tirés de films de Georges Méliès, Pascal Duclaud-Lacoste, arrière petit-fils du génial réalisateur, s’est pris au jeu de transformer les flip books en vidéos et ainsi faire revivre les films dont ils sont tirés. Pour « L’Arrivée d’un train » et « Une nuit terrible », je lui avais transmis des flip books que j’ai en double et qu’il a pu défaire pour plus facilement en photographier les images une à une. Pour deux autres flip books de Léon Beaulieu que je lui ai transmis, il a essayé une nouvelle technique pour ne pas les défaire. Il explique ici comment :

« À partir des images qu’on trouve dans un flip book il est très tentant de vouloir "reconstruire" le film qu’il présente quand on le feuillette. Il ne faut pas s’attendre à un film en HD mais on peut espérer des images de quelques centaines de pixels. Les opérations sont assez simples : on capture les images avec un appareil photographique numérique, on dépose la série de fichiers sur la "time line" d’un logiciel de montage vidéo, on indique la durée de chaque image et le logiciel va nous produire la vidéo souhaitée. Peut-être avez-vous déjà réalisé de petites animations avec la fonction "stop motion" de votre appareil photo ou caméscope favori. C’est simple et ça paraît facile…

Ça se complique un peu avec le flip book, car il s’agit de photographier une petite zone rectangulaire à peine plus grande qu’un timbre poste : 3 cm x 4 cm.

L’appareil photo est monté sur un chariot pour faciliter le cadrage et le garder rigoureusement identique pendant la prise de toutes les photos. Chaque image est présentée successivement sur une vitre avec des repères et le tout monté sur un gabarit très solide et rendu solidaire du chariot pour que l’ensemble ne bouge plus une fois réglé. Un soin extrême est porté au flip book : sa base est enchâssée dans une pince à ressort avec matelas en gomme et feutre pour maintenir rigoureusement fermée 1,5 cm de base des feuillets. Même avec une très faible ouverture, la profondeur de champ ne dépasse pas le millimètre et le temps de pause est entre le quart et la demi seconde. J’utilise un déclencheur souple et le miroir de l’appareil est maintenu relevé pour éviter toute vibration.

Une fois la centaine de photos obtenue il est nécessaire de les traiter : découpe des bords, léger recadrage quand c’est vraiment nécessaire, augmentation du contraste. J’aime produire systématiquement une version "détramée" sur laquelle j’applique un léger filtre pour ôter du bruit et un dernier (léger aussi) pour augmenter encore localement les contrastes. Évidemment, tout cela est un peu subjectif…

J’ai été très longtemps fidèle aux produits photos et vidéos de la firme canadienne Corel. Ils restent exceptionnels de facilité d’usage et ont une puissance impressionnante. Depuis deux mois, pour la partie vidéo, je me suis laissé convaincre par "Première Pro CC". C’est à peine un peu plus compliqué mais la taille de la vidéo et la durée du "clip" sont totalement et librement paramétrables. Deux avantages que j’ai trouvé essentiels avec, en plus (mais plus tard et après une lente et patiente auto formation) toute la puissance d’After Effect. Nous progresserons certainement dans cette technique d'acquisition et nous ferons revivre ainsi dix à quinze secondes de bien des films complètement disparus...

Pour moi, c'est une intense émotion que de voir "revivre" ces quelques instants figés depuis plus d'un siècle dans cette merveilleuse collection de Pascal Fouché. J'aime beaucoup l'idée que vous puissiez la partager. »

Et voici le résultat du travail minutieux de Pascal Duclaud-Lacoste :

Le premier flip book est le numéro 17 des flip books de Léon Beaulieu présentés ici le 25 août. Il fait 90 pages mais la première manque et il se feuillette de l’arrière vers l’avant.



Le second est le numéro 8 ; il fait également 90 pages et se feuillette de l’arrière vers l’avant.



22 décembre 2013 à 20:51:44

Léon Beaulieu (6 juin 1857 – 22 février 1901) : fabricant de flip books

Avec de la ténacité, l'habitude de ce type de recherches, mais aussi pas mal de chance il faut bien le reconnaître (mais la chance fait aussi partie du plaisir du chercheur), j’ai enfin trouvé des informations biographiques sur le fabricant de flip books Léon Beaulieu.

Ayant constaté qu’on ne trouvait plus de trace de lui après 1900, je me suis dit qu’il était peut-être mort à la fin ou au tout début du siècle. Grâce aux archives numérisées de Paris, j’ai pu retrouver son acte de décès et par déduction sa date de naissance.

La chance c’est d’une part qu’il soit décédé à Paris, ce qui n’était pas évident même pour quelqu’un qui exerce son activité à Paris, mais c’est aussi qu’il soit mort en 1901 alors que les archives sont numérisées jusqu’en 1902... S’il était mort ailleurs et plus tard, il y aurait eu très peu de chance de retrouver quoi que ce soit sur lui car les généalogistes et les historiens savent qu’il est pratiquement impossible de faire toutes les circonscriptions pour retrouver un décès.

L’élément qui permet de l’authentifier avec certitude, alors qu’il ne s’appelle pas exactement Léon Beaulieu mais Joseph Léon Beaulieu, c’est l’adresse de son domicile, où il est décédé, le 257, rue Saint-Denis. C’est l’une des cinq adresses qui figurent sur les flip books que j’ai dans ma collection. La probabilité qu’un autre Léon Beaulieu ait vécu à cette adresse à cette même époque est à peu près nulle.



Transcription : « L’an mil neuf cent un, le vingt-trois février à deux heures du soir, acte de décès de : Joseph Léon Beaulieu, Bimbelotier, âgé de quarante-trois ans, né à Paris ; fils de Louis Beaulieu, et de Marie Coudert, Epoux décédés ; Célibataire ; Décédé en son domicile, rue Saint-Denis 257, hier soir à onze heures ; [...] »

Quels sont les éléments les plus importants de cet extrait des actes de décès du 2e arrondissement de Paris ? Joseph Léon Beaulieu, né à Paris, est mort à l’âge de 43 ans le 22 février 1901 (veille de l’acte) à son domicile 257, rue Saint-Denis. Sa profession : bimbelotier.

Puisqu’il n’y a pas de registre du commerce à cette époque (il est créé en France en 1919), on ne peut pas en savoir davantage sur son activité que cette profession notée sur son acte de décès. Marchand de bimbelots ou de bibelots ; les bimbelots (terme aujourd’hui disparu) sont des jouets d’enfants, catégorie dans laquelle on range sans doute les flip books. On peut déjà en tirer la conclusion qu’il n’a pas forcément de rapport avec les auteurs des films à partir desquels il fait ses flip books car ce n’est probablement qu’une partie de son activité. Cela valide aussi notre hypothèse qu’il a été actif dans ce domaine entre 1895, date de l’invention du cinéma et 1900 puisqu’il est mort au début de l’année 1901 et même probablement entre 1896-1897 et 1900 avec notamment l’invention du Petit Biograph Parisien, le petit feuilleteur conçu pour ses flip books, en 1898 (voir le brevet dans la partie feuilleteurs de ce site).

Comme il est né à Paris on a une chance de retrouver la date de sa naissance même si les actes de naissance ne sont conservés pour Paris qu’à partir de 1860... car l’état civil parisien a été détruit pendant la Commune. Pour les périodes antérieures on dispose d’un fichier nominatif partiel (environ un tiers des actes perdus) également numérisé et on y trouve effectivement un Joseph Léon Beaulieu né à Paris 6e le 6 juin 1857 soit 43 ans avant son décès... ce qui prouve qu’il s’agit bien du même (sachant qu’il y a au moins deux autres Léon Beaulieu dans l’état civil parisien mais qui ne correspondent pas).



États militaires :

Quelques recherches complémentaires aux Archives de Paris ont permis de retrouver son parcours militaire (sous la cote D4R1 186).

Joseph Léon Beaulieu de la classe 1877 (la classe de ses 20 ans) a été enregistré au 1er bureau militaire de Paris cette année-là sous le matricule 2103.

Le tirage au sort lui donne le numéro 59 (à cette époque les petits numéros font le service complet de 5 ans).

Au moment de son incorporation, ses parents sont déjà tous les deux décédés et Joseph Léon Beaulieu, qui réside à Aubervilliers (canton de Saint-Denis), déclare la profession de « Fumiste ». Il a les cheveux châtains, les yeux gris et mesure 1m56. Il sait lire et écrire et a un niveau d’instruction primaire mais n’est pas allé jusqu’au brevet (niveau d’instruction 1, 2 et 3). Il est affecté à la 2e section d’Infanterie militaire le 12 septembre 1878.

Sa période militaire qui durera jusqu’à sa mise en congé du service actif le 10 octobre 1884 et son passage dans la réserve est marquée par plusieurs événements :

- une condamnation à trois ans de prison par le Conseil de Guerre le 28 avril 1881 pour « outrages par paroles et menaces envers son supérieur en dehors du service » - il obtiendra une remise de peine d’un an et est libéré le 9 avril 1883 ;
- une campagne en Algérie du 6 novembre 1883 au 18 mai 1884.

Passé dans la réserve à compter du 1er juillet 1885 (sans certificat de bonne conduite), on continue malgré tout à suivre son parcours judiciaire : il est condamné une première fois à deux mois de prison pour coups et blessures puis à deux ans de prison et 50 francs d’amende pour escroquerie le 18 février 1886 et à nouveau pour coups à deux mois de prison le 1er février 1888.

Il fait deux périodes militaires du 1er au 13 octobre 1888 et du 28 août au 18 septembre 1889. Il est ajourné en 1893 pour maladie et réformé n° 2 le 8 août 1896 pour asthme et obésité.
Il sera encore condamné le 29 janvier 1901 à 100 francs d’amende pour outrages aux bonnes mœurs et son décès est inscrit le 22 février.

Ses domiciles mentionnés sont le 64, rue du Moutier à Aubervilliers en 1888, le 25, rue de Montmorency à Paris en 1893 et le 23, rue de Bretagne à Paris en 1895.

Sa succession :

Célibataire et de parents décédés, Léon Beaulieu n’a pour héritiers qu’une cousine germaine dans la ligne paternelle et un oncle dans la ligne maternelle selon une déclaration de succession également retrouvée aux Archives de Paris (sous la cote DQ7 27667). Finalisée le 22 août 1901, elle récapitule les avoirs du défunt et donc le montant de sa succession. Un point intéressant est qu’elle fait apparaître qu’il est appelé « Léon Joseph ou Joseph Léon » ce qui montre bien qu’il utilisait plutôt Léon comme prénom pour son activité commerciale.

Il en ressort qu’un inventaire a été dressé en mai 1901 à la requête d’un administrateur provisoire désigné en vertu d’une ordonnance de référé du tribunal civil de la Seine. Sa succession comporte :

- Du mobilier et une garde-robe qui ont été vendus aux enchères pour la somme de 188,50 francs ;
- Un fonds de commerce de bimbeloterie vendu sur adjudication pour 220 francs ;
- Du matériel et des marchandises vendus pour la somme de 513 francs ;
- Des loyers perçus d’avance et qui ont été remboursés pour une somme de 600 francs ;
- Un livret de la Caisse nationale d’Épargne contenant 1 414,84 francs ;
- 100 francs en espèces ;
- Un compte courant s’élevant à 7 599,05 francs ;
- 5 obligations de la Ville de Paris réalisées pour 1 821,25 francs ;
- 17 obligations de la Banque Foncière de la Noblesse Russe réalisées pour 6 205 francs.

Soit un total d’actif de 18 661,64 francs.

Malheureusement en l’état actuel des recherches on ne peut savoir à qui ont été vendues les marchandises car les archives du notaire chargé des ventes ne sont pas disponibles ou ont disparues (alors que les minutes notariales sont censées être conservées). Je continuerai malgré tout les recherches sur ce point après les vacances car les centres d’archives sont fermés d’ici là.

En complément rappelons les cinq adresses de sa carrière de fabricant de flip boooks :
- 37, rue du Vert-Bois, Paris (il l’écrit comme ça sur les flip books mais c’est écrit Vertbois sur le brevet du 22 juin 1898 ; il semble qu’au 19e on l’écrivait couramment en deux mots)
- 46, rue Volta, Paris
- 1, rue de la Courneuve, Aubervilliers
- 144, rue Oberkampf, Paris
- 257, rue Saint-Denis, Paris

On le retrouve donc à plusieurs étapes de sa vie personnelle et professionnelle à Aubervilliers et à Paris, mais il est étonnant qu’il ait eu autant d’adresses pour son activité en si peu de temps. Est-ce une conséquence de sa vie brève mais assez agitée ?
29 décembre 2013 à 23:47:30

Le Mutoscope de Schacks

Schacks, l’éditeur allemand de flip books (voir ce que j’avais écrit ici le 18 février 2008 pour leur dixième anniversaire), vient de réaliser son premier mutoscope.





On peut le voir fonctionner sur leur site internet :

http://www.schacks.de

Il en existe une version réalisée à partir d’images de leurs propres flip books vendue 79 euros mais une version personnalisée est aussi possible en envoyant une vidéo de 10 à 20 secondes pour 99 euros.

Une belle réalisation ; on ne se lasse pas de ces feuilleteurs qui restent magiques !

Pour tout renseignement écrire à info@schacks.de.

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